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le livre


Sonnet pour Caſſandre




Auant le temps tes temples fleuriront.
De peu de iours ta fin ſera bornée,
Allant le ſoir ſe clorra ta iournée.
Trahis d’eſpoir les pensers périront :

Sans me flechir les eſcrits fletriront,
En ton deſaſtre ira ma deſtinée,
Pour abuſer les poetes ie ſuis née,
De tes ſoupirs nos neueux ſe riront :

Tu ſeras fait du vulgaire la fable,
Tu baſtiras ſus l’incertain du ſable,
Et vainement tu peindras dans les Cieux.

Ainſi diſoit la Nymphe qui m’affolle.
Lors que le Ciel, teſmoin de ſa parolle,
D’un dextre éclair fut preſage à mes yeux.


Pierre de Ronſard.