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XXVII
du sonnet


C’est vne aſſez faſcheuſe veuë,
La nuit, qu’vne Ombre qui ſe plaint.
Voſtre eſprit craint cette venuë,
Et raiſonnablement il craint.

Pour l’appaiſer, d’vn ton fort doux
Dites, i’ay fait vne beueuë
Et ie vous conjure à genoux
Que vous n’en ſoyez point émeuë.

Mettez, mettez voſtre bonnet,
Reſpondra l’Ombre, & ſans berluë
Examinez ce beau Sonnet,
Vous verrez ſa miſere nuë.

Diriez-vous, voyant Iob malade
Et Benſecrade en ſon beau teint,
Ces vers ſont faits pour Benſſerade,
Il s’eſt luy-meſme icy dépeint.

Quoy, vous tremblez, Monſieur Eſprit ?
Auez-vous peur que ie vous tuë ?
De Voiture, qui vous chérit,
Accouftumez’vous à la veuë.

Qu’ay-je dit qui irons peut furprendre,
Et faire paſlir voſtre teint ?
Et que deuiez-vous moins attendre
D’vn homme qui ſouffre & ſe plaint ?