Voiture fut pour cette période ce que Ronſard avait été pour la première[1].
L’origine de cette querelle fut la rivalité des maiſons de Condé & de Longueville, qui protégeaient l’une Benſerade, & l’autre Voiture.
« En envoyant à une Dame de qualité une Paraphraſe fur le Livre de Job, Benſerade l’accompagna d’un Sonnet qui fit beaucoup de bruit[2]. »
L’hôtel de Longueville ne voulut pas être en reſte & produiſit un Sonnet de Voiture, ſon poète, adreſſé à une dame ſous le nom d’Uranie. « L’importante queſtion de ſupériorité entre ces deux Sonnets par-
- ↑ On peut voir dans la première édition des Études ſur les femmes illuſtres de la ſociété du xviie siècle, par M. V. Couſin,
les lettres de Mmes de Longueville & de Biégy, à propos
de la querelle des deux Sonnets.
L’anecdote ſuivante, racontée par Tallemant au ſujet de Voiture & à propos de Sonnets, trouve naturellement ſa place ici :
« Mme de Rambouillet l’attrappa bien luy-meſme. Il avoit fait un ſonnet dont il eſtoit aſſez content ; il le donna à Mme de Rambouillet, qui le fit imprimer avec toutes les précautions de chiffre & d’autre choſe, & puis le fit coudre adroitement dans un Recueil de vers imprimé il y avoit aſſez long-temps. Voiture trouve ce livre, que l’on avoit laiſſé exprès ouvert à cet endroit-là ; il lut pluſieurs fois ce ſonnet ; il dit le lien tout bas, pour voir s’il n’y avoit point quelque différence ; enfin cela le brouilla tellement qu’il crut avoir lu ce ſonnet autrefois, & qu’au lieu de le produire, il n’avoit fait que s’en reſſouvenir ; on le deſabuſa enfin, quand on en eut aſſez ry. »
- ↑ Charles Perrault, Les Hommes illuſtres.