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XVII
du sonnet

méſoſtiche, la phraſe était formée par les dernières lettres des derniers mots du premier hémiſtiche, ou par les premières lettres des premiers mots du ſecond. Le Sonnet rapporté était tranché en trois ou quatre phraſes perpendiculaires. Le ſerpentin devait ramener à la fin le premier vers, mais inverſé, de façon, dit Colletet, « qu’à l’imitation du ſerpent, il ſemble retourner en luy-meſme. » Enfin on compoſa des Sonnets licencieux ou libertins, où l’auteur feignait de violer les règles par emportement poétique ou par entraînement de paſſion. Baïf, Ronſard, Maynard & Malherbe en ont compoſé de ſemblables ; on en cite même de Du Bellay, « dont tous les vers courent à toute bride comme des cheuaux eſchappez, & n’ont aucune alliance de rime l’vn auecque l’autre. Témoin celuy-cy :


Arriere, arriere, ô meſchant populaire,
O que ie hais ce faux peuple ignorant !
Doctes Eſprits, fauoriſez les Vers
Que veut chanter l’humble Preſtre des Muſes[1]. »


Le phénix, le merle blanc de la poéſie difficile & compliquée eſt ſans contredit le Sonnet ſuivant, indiqué par Colletet dans la vie de Jean de Schelandre[2], & qui eſt à la fois acroſtiche, méſoſticbe, lozangé & croix de Saint André.

  1. Colletet, Traité du Sonnet.
  2. Vies des poëtes françois, ms.