mode à cette époque, car Colletet ajoute : « Comme
ils firent auſſi la pluſpart des Sonnets de Ronſard,
dont nous voyons encore la belle & curieuſe tablature
faite par Orlande de Laſſus, Iean Maletti, Antoine de
Bertrand, P. Certon, C. Goudimel, Gabriel Bony,
Nicolas de la Grotte Vallet de chambre & Organiſte
du Roy Henry III, & pluſieurs autres excellens
Maiſtres de Muſique ; ce qui fut comme vn heureux
augure de leur éternité. »
L’hiſtoire du Sonnet préſente deux périodes d’éclat : au xvie & au xviie.
Ronſard fut le roi de la première[1] ; nous verrons plus loin qui fut le roi de la ſeconde.
C’eft au xvie siècle, dans la fureur de la nouveauté, que furent imaginées ces complications baroques, auprès deſquelles n’étaient plus rien les difficultés qui rendaient ſceptiques Boileau & l’évêque de Vence : Sonnets boiteux, acroſticbes, méſoſticbes, en bouts-rimés, retournés, lozangés, ſerpentins, croix de Saint-André, &c., nus, revêtus, commentés, rapportés.
Dans le Sonnet acroſtiche, les premières lettres de chaque vers devaient former une phraſe à part, qu’on liſait perpendiculairement de haut en bas ; dans le
- ↑ « Pour ce qui eſt des Sonnets de Ronſard, tout rudes
qu’ils ſemblent à preſent, on peut dire que le nom, & la mémoire,
n’en periront jamais au monde. »
(G. Colletet, Traitié du Sonnet.)