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XIII
du sonnet


Car s’ils eſtoient des dieux feroient-ils tant de mal ?
Si des Cieux, ils auroient leur mouuement eſgal :
Des Soleils, ne ſe peut, le Soleil eſt unique :

Eſclairs, non, car ceux-cy durent trop, & trop clairs.
Toutesfois ie les nomme, à fin que ie m’explique,
Des yeux, des dieux, des cieux, des ſoleils, des eſclairs.


Il faut ajouter qu’ici Colletet prend ſoin de nous avertir que ce qui fut alors une pièce rare & excellente pourrait bien aujourd’hui tomber dans le ridicule.

Nous trouvons mentionné avec détail, dans le livre de Colletet, le ſuccès obtenu par un Sonnet d’Olivier de Magny à la cour de Henri II. Je tranſcris la page entière, à cauſe des particularités intéreſſantes qui s’y rencontrent :


« Comme Oliuier de Magny, qui viuoit ſous le regne de Henry ſecond, écriuoit d’vn ſtyle aſſez doux, & meſme aſſez fleury pour ſon ſiecle, il compoſa vn grand nombre de Sonnets ſur des ſuiets differens. Mais entre les liens il y en eut vn qui paſſa pour vn ouurage ſi charmant, & ſi beau, qu’il n’y eut preſque point alors de curieux qui n’en chargeait ſes Tablettes, ou ſa mémoire. Ie ne feindray point de l’inſerer icy tout entier, puis que ſes œuures ne ſe rencontrent auiourd’huy que fort rarement. Et puis