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Sonnets 20, 21, 22 & 23.

Euures de Louize Labé lionnoize. A Lion. Par Ian de Tournes, m. d. lvi. Auec Priuilege du Roy.

« C’eſt dans ſes ſonnets ſur tout que la paſſion de Louiſe éclate & ſe couronne par inſtants d’une flamme qui rappelle Sapho & l’amant de Lesbie. Pluſieurs des ſonnets pourtant ſont pénibles, obſcurs : on s’y heurte à des duretés étranges… Elle n’obſerve pas toujours l’entrelacement des rimes maſculines & féminines, ce qui la rattache encore à l’école antérieure à Du Bellay. Mais toutes ces critiques inconteſtables ſe taiſent devant de petits tableaux achevés comme celui-ci, où ſe réſument au naturel les mille gracieuſes verſatilités & contradictions d’amour :


Ie vis, ie meurs : ie me brûle & me noye… »

(Sainte-Beuve. Portraits contemporains & divers, pp. 175-176.)


Sainte-Beuve ajoute, en parlant du ſonnet Tant que mes yeux pourront larmes eſpandre… : « Admirable de ſenſibilité, il fléchirait les plus ſévères ; à lui ſeul il reſterait la couronne immortelle de Louiſe. »

Le fonnet 23 eft un fouvenir de ces vers de l’élégiaquc latin :


Da mi baſia, mille, deinde centum,
Dein mille altera, dein ſecunda centum,
Deinde uſque altera mille, deinde centum.
Deinu, cum milia multa fecerimus,
Conturbabimus illa, ne ſciamus,