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le livre


À Théodore de Banville




Ô Maître bien aimé, voici que tu repoſes,
Pâle & beau, dans la paix du ſuprême ſommeil.
Elle eſt tarie en toi, la ſource au flot vermeil ;
Tu ne reſpires pas le ſouffle de ces roſes.

Mais, qui pourrait douter que tes paupières cloſes
Ne ſe rouvrent bientôt pour un divin réveil,
Et que, pareil à toi ſous un plus pur ſoleil,
Tu ne chantes la grâce & la ſplendeur des choſes ?

Tandis qu’autour de loi nous retenons nos pleurs,
Tu ſommeilles, ton lit eſt parfumé de fleurs,
Et l’immortalité rayonne ſur ta face.

La Muſe, que ton cœur aima ſans varier,
Te treſſe une couronne éclatante & vivace,
Ô Maître qui vécus pour l’amour du laurier !


Maurice Bouchor.