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le livre


Tîma




Bigarre comme un ſinge, & pareille aux Houris,
Tîma riait, Tîma croquait une praline ;
Son pied émergeait, nu, d’un flot de mouſſeline,
Sur des carreaux épais, brodés d’or, & fleuris :

Petit pied gras & fin, blanc comme un grain de riz !
Chaque ongle étroit ſemblait fait d’une cornaline.
Tîma berçait ſon pied d’une façon câline,
Et, riant, grignotait un bonbon de Paris.

Le dur ſoleil d’Alger brûlait ſur les terraſſes ;
Mais Tîma ſouriait au voyageur roumi.
Heure paſſée à l’ombre, ô ſouvenir ami !

Et lorſque, fils-de-chien, de mes lèvres voraces
Je baiſai ſon pied nain, pour la première fois,
Tîma rit largement, une dragée aux doigts…


Erneſt D’Hervilly.