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des sonnets


La Mort du Soleil




Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,
Plein d’adieux ſolennels, de plaintes inconnues,
Balance triſtlement le long des avenues
Les lourds maſſifs rougis de ton ſang, ô ſoleil !

La feuille en tourbillons s’envole par les nues ;
Et l’on voit oſciller, dans un fleuve vermeil,
Aux approches du ſfoir inclinés au ſommeil,
De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues.

Tombe, Aſtre glorieux, ſource & flambeau du jour !
Ta gloire en nappes d’or coule de ta bleſſure,
Comme d’un fein puiſſant tombe un ſuprême amour.

Meurs donc, tu renaîtras ! L’eſpérance en eſt ſûre.
Mais qui rendra la vie & la flamme & la voix
Au cœur qui s’eſt briſé pour la dernière fois ?


Leconte de Liſle.