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des sonnets


Sonnet imité de l’italien




Mon âme a ſon ſecret, ma vie a ſon myſtère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal eſt ſans eſpoir, auſſi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien ſu.

Hélas ! j’aurai paſſé près d’elle inaperçu,
Toujours à ſes côtés, & pourtant ſolitaire,
Et j’aurai juſqu’au bout fait mon temps ſur la terre,
N’oſant rien demander & n’ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l’ai faite douce & tendre.
Elle ira ſon chemin, diſtraite, & ſans entendre
Ce murmure d’amour élevé ſur ſes pas ;

À l’auſtère devoir pieuſement fidèle,
Elle dira, liſant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle eſt donc cette femme ? » & ne comprendra pas.


Félix Arvers.