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des sonnets


Vers dorés




Homme, libre penſeur ! te crois-tu ſeul penſant
Dans ce monde où la vie éclate en toute choſe ?
Des forces que tu tiens ta liberté diſpoſe,
Mais de tous tes conſeils l’univers eſt abſent,

Reſpecte dans la bête un eſprit agiſſant ;
Chaque fleur eſt une âme à la Nature écloſe ;
Un myſtère d’amour dans le métal repoſe ;
« Tout eſt ſenſible ! » Et tout ſur ton être eſt puiſſant.

Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
A la matière même un verbe eſt attaché…
Ne la fais pas ſervir à quelque uſage impie !

Souvent dans l’être obſcur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naiſſant couvert par ſes paupières,
Un pur eſprit s’accroît ſous l’écorce des pierres !


Gérard de Nerval.