Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ballade que Villon feit à la requeste de sa mère

pour prier Nostre-Dame

Dame des Cieulx, régente terrienne,
Empérière des infernaulx palux.
Recevez moy, voſtre humble Chreſtienne,
Que comprinſe ſoye entre vos Eſleuz,
Ce non obſtant qu’onques rien ne valu.
Les biens de vous, ma dame & ma maiſtreſſe,
Sont trop plus grans que ne ſuis péchereſſe ;
Sans leſquelz biens âme ne peult mériter,
N’entrer es Cieulx, je n’en ſuis menterreſſe,
En ceſte foy je vueil vivre & mourir.

À voſtre filz dictes que je ſuis ſienne.
De luy ſoient mes péchez aboule ;
Qu’il me pardonne comme à l’Egyptienne,
Ou comme il feit au clerc Théophilus,