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Ne de Paris, juſques à Pampelune,
Fors ce qu’il fault, ſans plus, à creature
Pour recouvrer ſa ſimple nourriture.
Souffiſe vous d’eſtre bien renommez,
Et d’emporter bon loz en ſepulture :
Car vous n’aviez riens quand vous fuſtes nez.

Les joyeux fruicts des arbres & les pommes,
Au temps que fut toute choſe commune,
Le beau miel, les glandes & les gommes
Souffiſoient bien à chaſcun & chaſcune ;
Et pour ce fut ſans noiſe & ſans rancune.
Soyez contens des chaulx & des froidures,
Et me prenez Fortune doulce & ſeure.
Pour vos pertes, grieſve dueil n’en menez.
Fors à raiſon, à point, & à meſure,
Car vous n’aviez riens quant vous fuſtes nez.

Se fortune vous fait aucune injure,
C’eſt de ſon droit, jà ne l’en reprenez,
Et perdiſſiez juſques à la veſture :
Car n’aviez riens quant vous fuſtes nez.


Alain Chartier.