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XXIV
HISTOIRE


ronnes & chapaulx à ceulx qui mieulx le ſçavent le faire ; & ſe faict à refrain, comme Ballades ; mais y a cinq couplets & envoy. »

« Comme Ballades », notez cela : c’eſt peut-être là la marque de poſtériorité. Mais ne ſemble-t-il pas que, dans cette brève mention, Croï parle un peu ironiquement de la royauté des Puys ; des couronnes & des chapeaux qu’elle confère ?

Le Chant-Royal pourrait donc n’être que la Ballade développée, & l’envoi de la pièce de concours ne ſerait qu’une application académique d’un uſage déjà admis en poéſie.

Eſtienne Paſquier, qui ne ſe prononce pas ſur la queſtion de priorité, dit ſeulement que le Chant-Royal convient mieux aux ſujets graves & pompeux, & que la Ballade a « plus de liberté ».

Eh ! ſans doute, la Ballade est libre. Elle n’est aſſujettie à aucun ton, ni à aucune inſpiration ſpéciale, ni à la majeſté, ni à la pompe, ni à la triſteffe, ni à la gaieté. Elle n’eſt point condamnée, comme la plaintive Élégie, à s’habiller de deuil & à aller pleurer, les cheveux épars, dans les cimetières. Rien ne l’oblige à ſe parer de fleurs des champs, comme l’Idylle, ni à ſecouer les grelots, comme la Chanſon. Son caractère