Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XV
DE LA BALLADE


Triſſotin, pour agréer à un amateur de vieilleries, à un cuiſtre en us, bardé de grec & de latin. Ménage, l’original préſumé du perſonnage de Vadius, Ménage qui, en horreur du langage vulgaire, célébrait ſes amours en italien & en grec, ſe ſerait peut-être permis le français dans la Ballade ; il ſerait même ſurprenant qu’il ne l’eût pas fait.

Si Vadius n’eût pas été ſi rudement interloqué par ſon introducteur, ce n’eſt pas une romance qu’il eût récitée, ni une complainte, ni quoi que ce ſoit en ſtances d’un nombre indéterminé, de coupe & de imeſure arbitraires. Il eût défilé de ſa voix chevrotante trois ſtrophes d’égale longueur & de même meſure, correctement compoſées ſur les mêmes rimes, & les eût couronnées, en guiſe de bouquet, d’une demi-ſtrophe adreſſée ſous titre d’Envoi à Philaminte ou à Béliſe, où il eut accumulé, marié & fondu toutes les grâces de ſon éloquence & toutes les fineſſes de ſon eſprit. Surtout il eût fait briller ſon adreſſe en ramenant heureuſement à la fin de chaque ſtrophe & de l’Envoi un même vers, refrain de ſes doléances ou de fon eſpoir. Il fe fût bien gardé, en outre, d’entrelacer capricieuſement les rimes maſculines & les féminines, ſachant que leur ordre eſt déterminé par des