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La Double Ballade n’eſt autre choſe qu’une Ballade qui renferme ſix Dizains ſur des rimes pareilles ou ſix Huitains ſur des rimes pareilles au lieu de trois Dizains ou de trois Huitains ſeulement dont ſe compoſe la Ballade ordinaire, — à qui, communément, ne ſe termine pas par un Envoi.

De tous les poëmes français, la Ballade, ſimple ou double, eſt celui peut-être qui offre les plus redoutables difficultés, à cauſe du grand nombre de rimes pareilles, concourant à exprimer les aſpects divers d’une pensée ou d’un ſentiment uniques qu’il faut imaginer à voir à la fois. Mais c’eſt ici l’occaſion de révéler un ſecret de Polichinelle. Pour la compoſition de la Ballade, il y a un moyen mécanique d’un emploi ſûr, avec lequel on peut impunément ſe paſſer de tout génie & qui ſupprime toutes les difficultés, il conſiſte ſimplement à compoſer en une fois (ſans s’inquiéter du reſte) la ſeconde moitié des trois Dizains & l’Envoi, & une autre fois la première moitié des trois Dizains, — puis à raccorder le tout. Seulement, en employant ce moyen, on eſt ſûr de faire une mauvaiſe — irrémédiablement mauvaiſe Ballade !

J’ai à peine beſoin de dire en terminant que les poëmes intitulés Ballades par Victor Hugo dans ſes Odes & Ballades, par analogie avec des poëmes appelés Ballades dans des pays autres que la France, ne peuvent raiſonnablement s’appeler en France des Ballades. Car dans une même langue, le même mot ne peut ſervir à déſigner deux genres de poëmes abſolument differents l’un de l’autre ; & pour le