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le refrain n’eſt point tiré par les cheueux pour rentrer en fin de couplet : mais y eſt repete de meſme grace & connexion que je t’ay dit au chapitre precedent eſtre requiſe à la repriſe du Rondeau.

L’Enuoy commence quaſi toujours par ce mot. Prince, ſi la Balade dreſſe à homme ; & par, Princeſſe, ſi à femme, d’où tu peuz congnoiſtre la maieſté & pris d’elle. Cela toutesfois n’eſt tant neceſſaire que tu ne trouues en beaucoup d’Euuoys ces mots laiſſez pour autres mieulx à propos qui ayent pareille ou meilleure harmonie.

Toute telle difference y a-t-il entre le Chant Royal & la Balade, comme entre le Rondeau & le Triolet. Car le Chant Royal n’eſt autre choſe qu’vne Balade ſurmontant la Balade commune en nombre de couplez, & en grauité de matiere. Auſſi s’appelle-il Chant Royal de nom plus graue : ou a cauſe de ſa grandeur & maiefté, qu’il n’appartient eſtre chantée que devant les Roys : ou pour-ce que veritablement la fin du Chant Royal n’eſt autre que de chanter les louanges, prééminences & dignitez, des Roys, tant immortelz que mortelz : comme il eſt à preſumer que la Balade ayt eſté ainſi nommée à cauſe du bal, auquel le peut croire que par ſon chant ſe ſouloir accommoder au temps de ſon origine. Mais afin que tu ne me dies curieux d’étymologies (qui touchent toutesfoys de bien près la force & ſubſtance de la choſe, ie me contenteray de ce peu, que ie t’en ay dit, pour t’auiſer au reſte que le plus ſouuent la matiere du Chant Royal eſt vne allegorie obſcure enueloppant ſoubz ſon voyle la louange