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XIII
DE LA BALLADE


eſprits. Et ni le poète, ni le muſicien, ni le peintre ne ſe doutaient qu’ils introniſaient un bâtard, & que ce genre nouveau, que cette importation étrangère qu’ils fêtaient avec enthouſiaſme n’était au fond que la Romance.

Remarquons en paſſant que ces prétendues Ballades allemandes s’appellent proprement des Lieds (Lieder), mot qui ſe traduirait exactement en français par celui de Lai, d’où l’on a tiré Virelai, & qui caractériſa pendant le moyen âge un genre de poéſie particulier, analogue au conte ou au fabliau : Lai de la Dame de Faël, Lai du Roſſignol, Lai d’Ariſtote, &c. (Voir notamment les poéſies de Marie de France éditées par De Roquefort, Paris, 1832.)

Les Allemands, plus fidèles que nous à l’étymologie, ont donné le nom de Lieder à des chanſons hiſtoriques ou légendaires, complaintes quelquefois, en ſtances & ſans refrain, où l’on retrouve le ton & le genre des anciens Lais français du xiiie ſiècle.

Les Ballades de Gœthe ſont des Lieder ; celles de Bürger s’appellent ſimplement Poéſies (gedichte) ; celles de Schiller ſont ou des Lieder, ou des Chants (geſange). Si les uns & les autres ont quelquefois donné pour ſous-titre à leurs poëmes le mot Ballade, c’eſt un effet