Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dame ſans pair, dites-nous, je vous prie
Fut-il jamais un métier plus heureux ?

S’il avenait que felons aſſaſſins
En dur eſtour leur fiſſent des bleſſures,
Ja nul métier n’avoient de médecins,
Filles de Roys moult belles créatures
Qu’on renommait pour leurs ſavanter cures
Sur lits molets & ſur riches couſſins,
Chacune à part ſoigneuſe de leur vie,
Les conſolant par devis amoureux,
Rendoient bien-tôt leur perſonne guerie ;
Fut-il jamais un métier plus heureux ?

Moy qui toûjours ſurpaſſant maints blondins
En vrais effets ainſi qu’en écritures,
Ay depuis peu mis au jour deux banbins,
Dont on feroit d’agréables peintures,
Dans la vigueur qu’on voit en mes alures,
Je veux auſſi par de nobles deſſeins,
Des ennemis voir la face blêmie,
Et leur livrer un aſſaut vigoureux.
Puis tôt après retourner vers ma mie.
Fut-il jamais un métier plus heureux ?


Envoy


Que puissiez-vous, Dame au cœur généreux,
Voir en honneur toûjours vôtre meſgnie,
Et qu’un germain moult digne de nos vœux