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Ballade des Enfants sans-souci

Ils vont pieds nus le plus ſouvent. L’hiver
Met à leurs doigts des mitaines d’onglée.
Le ſoir, hélas ! ils ſoupent du grand air,
Et ſur leur front la biſe échevelée
Gronde, pareille au bruit d’une mêlée.
À peine un peu leur ſort eſt adouci
Quand avril ſait la terre conſolée ;
Ayez pitié des Enfants ſans ſouci.

Ils n’ont ſur eux que le manteau du ver,
Quand les friſſons de la voûte étoilée
Font treſſaillir & briller leur œil clair.
Par la montagne abrupte & la vallée,
Ils vont, ils vont ! À leur troupe affolée
Chacun répond : « Vous n’êtes pas d’ici,
Prenez ailleurs, oiſeaux, votre volée. »
Ayez pitié des Enfants ſans ſouci.