Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Sur le beau ſein de cette enchantereſſe.
Ivre déjà de voir ſon cotillon,
Vide ton verre & baiſe ta maîtreſſe.
Une bacchante, aux bras fins & nerveux,
Sur les coteaux de la chaude Gironde,
Avec ſes ſœurs, dans l’ardeur de ſes jeux,
Preſſa les flancs de ſa grappe féconde
D’où ce vin clair a coulé comme une onde,
Si le déſir, aux yeux d’émerillon,
T’enfonce au cœur ſon divin aiguillon,
Profites-en ; l’Ame, diſait la Grèce,
A pour nous fuir l’aile d’un papillon ;
Vide ton verre & baiſe ta maîtreſſe.
ENVOI.
Ma muſe, ami, garde le pavillon.
S’il eſt de pourpre, elle aime ſon haillon,
Et me répète à travers ſon ivreſſe,
En ſecouant ſon léger carillon :
Vide ton verre & baiſe ta maîtreſſe.
Théodore de Banville.