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Ballade pour ma commère

Le beau baptême et la belle commère !
Quels jolis yeux ! diſaient les aſſiſtants.
On rôtiſſait les bœufs entiers d’Homère
Et l’on ouvrait la porte à deux battants.
Bonne Alizon ! même après tant de temps,
Quand je la vois, mon âme en eſt tout aiſe
Elle a des yeux d’enfer, couleur de braife,
Et le ſein roſe & des lys a foiſon ;
Elle eſt ſavante avec ſes airs de niaiſe.
Le ban Dieu gard’ ma commère Alicon !

En ce temps-là, mordant l’écorce amère,
Dans mon pays de forêts & d’étangs,
J’étais encore un coureur de chimère.
Elle, on eût dit un matin de printemps !
Mais, à la fin, voici qu’elle a trente ans.
Ses grands cheveux ſont blonds, ne vous déplaiſe !