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Il met la main, comme un aigle ſa ſerre,
Et lui prend tout, en diſant : « Me voici ! »
Aux pauvres gens tout eſt peine & miſère.

Ayez pitié du pauvre fou de cour !
Ayez pitié du pêcheur qui treſſaille
Quand l’éclair fond ſur lui comme un vautour,
Et de la vierge aux yeux bleus, qui travaille,
Humble & rêvant ſur ſa chaiſe de paille.
Ayez pitié des mères ! Ô ſouci,
Ô deuil ! L’enfant roſe & blond meurt auſſi.
La mère en pleurs entre ſes bras le ſerre,
Pour réchauffer ſon petit corps tranſi :
Aux pauvres gens tout eſt peine & miſère.


ENVOI.


Prince ! pour tous je demande merci !
Pour le manant ſous le ſoleil noirci
Et pour la nonne égrenant ſon roſaire
Et pour tous ceux qui ne ſont pas d’ici :
Aux pauvres gens tout eſt peine & miſère.


Théodore de Banville.