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Ballade des pauvres Gens

Rois qui ſerez jugés à votre tour,
Songez à ceux qui n’ont ni ſou ni maille ;
Ayez pitié du peuple tout amour
Bon pour fouiller le fol, bon pour la taille
Et la charrue, & bon pour la bataille.
Les malheureux ſont damnés, — c’eſt ainſi ! —
Et leur fardeau n’eſt jamais adouci.
Les moins meurtris n’ont pas le néceſſaire.
Le froid, la pluie & le ſoleil auſſi
Aux pauvres gens tout eſt peine & miſère.

Le pauvre hère en ſon triple ſéjour,
Eſt tout pareil à ſes bêtes qu’on fouaille.
Vendange-t-il, a-t-il chauffé le four
Pour un feſtin ou pour une épouſaille,
Le ſeigueur vient, toujours plus endurci.
Sur ſon vaſſal, d’épouvante ſaiſi,