Page:Asselineau - La Ligne brisée, 1872.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Du jour où par un acte de soumission hypocrite elle avait débarrassé sa vie du danger qui l’effrayait, Sabine n’avait pas tardé à reconnaître qu’elle avait été dupe de sa prudence. Elle avait, il est vrai, reconquis son indépendance, assuré sa réputation, imposé à son mari, au monde, à l’opinion un respect imperturbable.

Mais tous ces avantages achetés par une trahison, qu’étaient-ils, en définitive, sinon la ruine de sa suprême espérance ? Qu’avait-elle fait par là, sinon redoubler autour d’elle les lacs qui l’isolaient, et resserrer davantage sur le vide de son cœur la cuirasse de l’ennui ?