Page:Asselineau - La Double Vie, 1858.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

J’aperçus alors, appuyé contre une porte épaisse, un être singulier qui attira toute mon attention.

C’était, oui, c’était bien un homme, ou plutôt un géant, car il n’avait pas moins de huit à neuf pieds de taille. Ses larges épaules, ses membres maigres, son visage pâle, non de la pâleur des visages humains, mais de cette blancheur mate, accidentellement teintée de rose et de violet, qu’on remarque sur le masque des noyés. Son attitude même avait je ne sais quoi de surnaturel qui taquinait l’imagination.

Son costume, uniformément gris, étroit et collé au corps, était coupé ras à la naissance du col, ce qui lui donnait l’apparence d’un légume monstrueux pelé à l’une de ses extrémités. Ses yeux, rouge comme ceux d’un Albinos, tenaient fixé sur moi un regard terne qui me fascinait. Je ne pouvais plus voir que lui.

En ce moment, le bruit d’une sonnette enrouée se fit entendre à l’un des bouts de la salle.

Le géant quitta sa posture nonchalante et appela :

Le numéro 6 !

L’un des fantômes bizarres qui m’avoisinaient se leva roide sur ses pieds et se dirigea vers une petite porte située à l’opposite de la première, et que le géant referma soigneusement dès qu’il fut entré.

En se retournant, il attacha de nouveau sur moi son regard fixe, traversa lentement la salle et revint,