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à la violence même de mon émotion, enivré, en délire, je m’arrêtai et regagnai ma place au milieu d’applaudissements frénétiques.

Lydie m’y attendait ravie, domptée, suppliante : « Oh ! me disait-elle, aimez-moi, je vous aime, laissez-moi vous aimer ! »

Elle m’aimait.

Comment vous peindre les pensées qui m’assaillirent au réveil ? Ce songe était-il un présage, une révélation ? Ou bien n’était-il qu’une raillerie amère du hasard ?

Je voulus en avoir le cœur net, et, pendant les jours qui suivirent, je dévorai tous les traités d’oniromancie que je pus trouver.

Je m’arrêtai à ce passage de la Symbolique de Pernetius :

« Pendant le sommeil, l’âme quitte le corps qu’elle habite et s’en va où il lui plaît. Ce que nous appelons rêve n’est que le souvenir vague et incomplet de cette autre vie. C’est ainsi que nous entrevoyons, dans le sommeil, des pays que nous n’avons point visités. De là vient aussi que nous nous souvenons d’avoir fait, en rêvant, des choses que nous ne savons point faire et que nous referions sans doute le lendemain, si nos souvenirs étaient moins incomplets et plus précis. »

Ainsi donc, si je pouvais rendre à mes doigts le souvenir de ce qu’ils avaient fait la nuit précédente, je deviendrais en réalité ce virtuose du rêve ?