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Bruxelles.

reſte, nulle rédaction ; les phraſes ſont preſque partout à l’infinitif ou à l’indicatif précédé du que : « — Que la Belgique… &c. » La haine de Baudelaire pour la Belgique, ou plutôt pour les Belges, était arrivée peu à peu à l’exaſpération ; & certes les mécomptes des premiers jours n’entraient pour rien dans cette averſion.

Ce n’eſt pas qu’il ne comptât quelques amis à Bruxelles ; mais l’humeur, les mœurs de la population le bleſſaient juſqu’au vif. Il était ſurtout choqué de retrouver dans les habitudes & dans les opinions une caricature groſſière de la France, nos défauts pouſſés à l’exagération ſans la compenſation de nos qualités : amour ſans galanterie, familiarité ſans politeſſe, impertinence ſans eſprit, impiété ſans élégance, vanterie ſans légèreté, propreté paradoxale[1]. Tout, juſqu’aux viſages, juſqu’à la démarche, lui déplaiſait. Le régime de table, dont il ſe plaint beaucoup (viandes bouillies, pain fade, pas de ragoûts, ni de légumes, ni de fruits, le faro remplaçant le vin dans tous les reſtaurants), ne valait rien pour lui, & a peut-être été pour quelque choſe dans ſa

  1. « Tout eſt propre ici, écrit-il, excepté l’homme & la femme. »