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Vie de Charles Beaudelaire.


Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Montés par votre main, ne pourraient pas ſuffire
À ce beau diadème éblouiſſant & clair.

Car il ne ſera fait que de pure lumière,
Puiſée au foyer ſaint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur ſplendeur entière,
Ne ſont que des miroirs obſcurcis & plaintifs.

J’aurais lu encore cet admirable ſonnet, l’Ennemi, qui eſt comme le teſtament même du poëte ; j’aurais lu ce final fulgurant & tumultueux, — un final à la Beethowen — des Femmes damnées (deſcendez, deſcendez, lamentables victimes).

J’aurais lu ces pièces où palpite la ſympathie pour les infortunés & les humbles, l’Âme du Vin, la Mort des pauvres. Puis, poſant le livre, j’aurais dit : « — Eſt-ce aſſez beau ? Eſt-ce aſſez beau, M. le procureur impérial ? Et vous qui réclamez contre nous un « avertiſſement, » que ne pouvez-vous avertir tous les poëtes de l’empire d’avoir à nous donner ſouvent de pareils vers ! »

« Et prenez garde, aurais-je ajouté. Ce règne ſans doute eſt un grand règne. Il a l’éclat, il a la force ; il a l’ambition de toutes les gloires. Il