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Les Fleurs du Mal.

dans le ſcandale par amour de la publicité ? un impatient de l’obſcurité cherchant le ſuccès aux dépens de l’honneur & de la dignité ? Non ; c’eſt un homme mûri par l’étude & la méditation. Son nom ne ſe lit qu’en bon endroit ; ſes ambitions ſont nobles ; ſes amitiés ſont illuſtres. Ce n’eſt ni un pamphlétaire, ni un journaliſte, ni un feuilletonnier ; c’eſt un littérateur, & un littérateur dans la plus noble acception du mot, un poëte.

Mais, avant tout, c’eſt un homme du meilleur monde. Le deuil qu’il porte, c’eſt celui de ſon beau-père, un officier général qui fut deux fois ambaſſadeur. Son père, profeſſeur émérite, eſprit lettré & artiſte, était l’ami de tout ce qu’il y avait de diſtingué en ſon temps dans les lettres & dans les arts, & avait rempli des fonctions élevées de l’ordre adminiſtratif. Ses antécédents ? C’eſt d’abord deux livres d’art, deux traités d’eſthétique, dont l’un, le ſecond, paſſe, au ſentiment des meilleurs juges, pour un véritable catéchiſme de peinture moderne. C’eſt enſuite une traduction laborieuſe & méritoire des œuvres du plus étrange & du plus étonnant génie du Nouveau-Monde, travail admirable, unique peut-être,