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Vie de Charles Baudelaire.

les ouvriers ont dû garder le ſouvenir de ce ſéjour.

En ſomme, ces minuties, cette fureur de remaniement dont gémiſſaient les éditeurs, ont profité au livre en lui donnant ce cachet de perfection qui aſſure la durée.

Nous n’avons pas à apprécier ici les mérites de la traduction de Charles Baudelaire, déſormais claſſique & indétrônable. L’auteur a réſolu le problème d’être libre & brillant comme l’inſpiration, malgré les gênes innombrables de cette tranſpoſition d’une langue dans une autre, & d’être gracieux en danſant, comme diſait Balzac, avec les fers aux pieds.

Pour moi, en liſant cette proſe ſi claire, ſi ſouple, ſi agile, j’ai peine à me persuader que Poë n’ait pas profité en quelque choſe à une telle interprétation ; de même qu’on a dit autrefois que Hoffmann avait bénéficié du ſtyle élégant de son traducteur, M. Loèwe Weimars. Pour arriver à un tel réſultat, il fallait, outre un talent ſupérieur, une rare énergie de ſympathie ; & cette ſympathie, on la retrouve vive & palpitante à chaque page de la traduction de Charles Baudelaire. Quel dévouement à ſon auteur ! Quel