Page:Asselineau - Charles Baudelaire - sa vie et son œuvre.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
Vie de Charles Baudelaire.

Et pourtant j’avais tort, & Baudelaire avait raiſon. Ce n’eſt que par ce ſoin ſcrupuleux, minutieux, opiniâtre, qu’on arrive à donner aux œuvres une valeur définitive. C’est grâce à cette application continuelle que la traduction d’Edgar Poë a obtenu le ſuccès ſuprême auquel peut prétendre un travail de ce genre, de naturaliſer un auteur dans une littérature étrangère, avec l’approbation de ſes nationaux. Cette traduction fit en effet beaucoup d’honneur à Baudelaire en Angleterre, & il en recueillit de grands avantages lors de la publication de ſon recueil de poéſies. Dans un article du Spectator[1], qui contient une très-lucide & très-élogieuse appréciation des Fleurs du mal, Baudelaire eſt préſenté au public anglais comme déjà recommandable pour ſes « admirables » traductions & pour ſes judicieuses critiques des écrivains américains & anglais[2]. Tout récemment encore, le rédac-

  1. Du 6 ſeptembre 1862
  2. L’auteur de l’article a évidemment rapproché de la traduction des œuvres de Poë l’analyſe faite par Baudelaire des Confeſſions d’un mangeur d’opium de de Quincey, dans le livre des Paradis artificiels, publié avant la ſeconde édition des Fleurs du Mal. Cette ſeconde édition, ainſi qu’en témoigne la date, qui fait le ſujet de l’article du Spectator.