voques, en jeux de mots, alluſions à de petits faits journaliers, & à des plaiſanteries courantes qu’un domeſtique ou un petit négociant étaient plus capables de ſaiſir & d’expliquer qu’un académicien.
Alors qu’il publiait dans le Moniteur les Aventures de Gordon Pym, troiſième volume de sa traduction (1858), il courait les tavernes & les tables d’hôte pour découvrir un marin anglais qui pût lui donner le ſens exact des termes de navigation, de manœuvre, &c. Un jour, le voyant ſe creuſer la tête à propos d’un détail d’orientation, j’eus le malheur de le plaiſanter ſur sa rigueur d’exactitude.
— Eh bien ? me dit-il en relevant la tête, et les gens qui liſent en ſuivant sur la carte !
Je ſens encore ſon regard chargé de mépris et de fureur, & qui voulait dire : Vous ne comprenez donc pas que toute choſe que j’écris doit être irréprochable, & que je ne dois pas plus donner priſe à la cenſure d’un matelot qu’à la critique d’un littérateur ?
J’avoue que je ne pus m’empêcher de rire ce jour-là en imaginant un abonné du Moniteur liſant son journal le doigt ſur un atlas.