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Vie de Charles Baudelaire.

Ailleurs :

— Il y a dans tout changement quelque chose d’infâme et d’agréable à la fois, quelque choſe qui tient de l’infidélité & du déménagement. Cela ſuffit à expliquer la Révolution françaiſe.

— 1848 ne fut charmant que parce que chacun y faiſait des utopies comme des châteaux en Eſpagne.

Et plus loin il ajoute, comme pour atteſter ce que j’ai dit plus haut de la nature de ſon penchant pour la Révolution :

— Robeſpierre n’eſt eſtimable que parce qu’il a fait quelques belles phraſes.

En tout, en religion comme en politique, Baudelaire était ſouverainement indépendant, d’autant plus indépendant qu’il dépendait uniquement de ſes nerfs, capable de crier : écraſons l’infâme ! devant les ſingeries de la dévotion à la mode, & le lendemain d’exalter les jéſuites, ſi quelque Prud’homme de la démocratie l’ennuyait de ſes déclamations banales. Ce qui faisait ſon indépendance, c’eſt ce qu’il a appelé « la puiſſance de l’idée fixe. » Rien ne protége la vie contre les engagements des partis mieux que la tyrannie d’une pensée consſ-