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Méthode de travail.

trouve ou crée un endroit, journal ou revue, pour poſer ſon programme. Ce journal fut, après 1840, le Corſaire-Satan[1], dirigé par Lepoittevin Saint-Alme, un vieillard ſolennel, à mine de vieux troupier, qui découvrait majeſtueuſement ſes cheveux blancs devant quiconque s’aviſait de venir ſe plaindre des vivacités de la rédaction. Là débutèrent Champfleury, Murger, Th. de Banville, Antoine Fauchery, Marc Fournier, A. Vitu, Henri Nicolle, A. Buſquet, Édouard Plouvier, Charles de la Ronnat, Alexandre Weill, préludant de concert à des deſtinées bien diverſes. Baudelaire s’y trouva porté tout naturellement ; & l’on vit alors apparaître ſur le boulevard ſon fantaſtique habit noir, dont la coupe impoſée au tailleur contrediſait inſolemment la mode, long & boutonné, évaſé par en haut comme un cornet et terminé par deux pans étroits et pointus, en queue de ſifflet, comme eût dit Petrus Borel. Au reſte, ſa part de rédaction fut mince & ſe borna à deux ou trois articles qu’il répudiait plus tard, & qui ne ſe retrouvent pas ſur

  1. Notons, pour être exacts, la Silhouette, feuille hebdomadaire, dirigée par Balathier, où parurent les premières Odes funambulesques de Th. de Banville.