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Vie de Charles Baudelaire.

Tout l’y invitait : ſon goût, ſa nature d’artiſte, ſon amour du combat, ſon mépris des majorités qui lui faiſait prendre plaiſir à ſe faire injurier par les myopes & les routiniers. Et c’eſt ainſi que ſes premières publications furent deux traités de peinture : le Salon de 1845 & le Salon de 1846.

Dans la première brochure (elle a ſoixante pages) ſe trouvent déjà les qualités, qu’il manifeſta toute sa vie, de pénétration & d’expoſition ; l’horreur des tranſactions & des ménagements, le ton autoritaire & dogmatique. Delacroix n’eſt pas diſcuté ; il eſt affirmé. Nul appel au ſentiment, nul appareil de phraſes poétiques ni d’éloquence conciliante : une démonſtration rigoureuſe d’un ſtyle net & ferme, une logique allant droit à ſon but, ſans ſouci des objections, ni des tempéraments. Nul doute que ces apologies raiſonnées, la ſeconde ſurtout, plus complète & plus travaillée, n’aient conduis parmi les contemporains de vives ſympathies à Eugène Delacroix, qui s’en montra reconnaiſſant, en témoignant jusqu’à la fin de ſa vie, à leur auteur, la plus bienveillante amitié.

C’eſt dans le compte rendu du Salon de 1845 que ſe trouve un éloge enthouſiaſte de M. Wil-