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L’Homme & l’Œuvre.

l’auteur des Fleurs du Mal dans ſon premier âge littéraire.

Diſons un mot du pauvre Deroy, artiſte de talent, mort jeune avant 1848, & qui a droit à une place dans les ſouvenirs de notre jeuneſſe. Il était fils de M. Iſidore Deroy, lithographe, dont on connaît de nombreuſes vues de Paris & de la Suiſſe. Je ne me rappelle pas de qui il était l’élève, ou ſi même il avouait un maître. Il ſe trouva tout doué, tout prêt lors de l’avénement des coloriſtes ſignalé par le triomphe de Delacroix & les premiers ſuccès de Couture. Outre le portrait dont je parle, & cette copie, égarée ou perdue, des Femmes d’Alger, que Baudelaire priſait très-haut, il a laiſſé une étude d’après une petite chanteuſe des rues[1], quelques portraits, parmi leſquels celui de M. de Banville, père du poëte, que l’on voit encore chez ſon fils, de Pierre Dupont, de Privat d’Anglemont, une étude de femme conſervée par Nadar. Remarquablement organiſé comme peintre, coloriſte merveilleux,

  1. Cette petite guitariſte, qui circulait en ce temps-là dans le quartier latin, occupait beaucoup les eſprits d’alors, peintres & poëtes ; c’eſt à elle que ſe rapporte la pièce des Stalactites de Th. de Banville, préciſément intitulée : à une petite chanteuſe des rues. C’eſt elle auſſi, je le crois du moins, la mendiante rouſſe, des Fleurs du Mal.