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Vie de Charles Baudelaire.

peine, était celui de M. Michel Lévy, qu’il déſirait pour éditeur de ſes œuvres. Lorſque nous étions ſeuls enſemble, il allait prendre ſur ſon étagère un volume de la collection Lévy & me ſoulignait le nom en appuyant du doigt & de l’œil pour mieux manifeſter ſon intention. Un jour M. Lévy m’accompagna à la maiſon de ſanté. Baudelaire ſe montra très-ſenſible à cette démarche. Il cauſa par mon intermédiaire de la publication de ſes ouvrages ; mais quand M. Lévy lui propoſa de commencer immédiatement une nouvelle édition des Fleurs du Mal, il refuſa obſtinément. Il prit ſur ſa table un almanach, & nous fit compter trois mois (on était en janvier), exprimant qu’à cette époque il eſpérait être capable de ſurveiller lui-même l’impreſſion de ſon livre. Cette opération avait été de tout temps pour lui de la plus grande importance, & je crois qu’il ne s’en ſerait pas rapporté là-deſſus aux ſoins de ſes meilleurs amis.

Ce délai de trois mois paraît avoir été le terme de ſes eſpérances. Sur l’almanach qu’il nous avait montré, le 31 mars était marqué d’une barre. Il faiſait des projets pour les beaux jours. Tantôt il irait à Nice, tantôt il rejoindrait ſa mère à Hon-