Page:Asselineau - Charles Baudelaire - sa vie et son œuvre.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
Retour à Paris.

trop éloquemment que ſa puiſſance d’illuſion n’était point ſans défaillances.

Dans les premiers mois, il prenait plaiſir à ſe promener en voiture, à faire des viſites par la ville, & à dîner au dehors. Nadar, qui le chériſſait comme un ancien & excellent ami, & qui mêlait à ſon affection une admiration ſincère, avait imaginé, pour le diſtraire & le décarêmer du régime de la maiſon de ſanté, de l’aller prendre un jour de chaque ſemaine & de l’amener dîner chez lui avec un petit nombre de convives, tous vieux camarades habitués à ſa mimique, & qui lui faiſaient fête. Baudelaire parut d’abord enchanté de ces petites réunions, & ſon hôte, en l’allant chercher, le trouvait prêt & paré, & impatient de monter en voiture. Bientôt, pourtant, à notre grand étonnement, il refuſa de venir. Il exprima que ces ſéances le fatiguaient & qu’il payait le plaiſir d’une ſoirée par des inſomnies & des excitations ſuivies d’accablements qui contrariaient le traitement. Il n’avait, comme on le voit, perdu ni la conſcience de ſon état, ni l’eſpoir de la guériſon.

Un des noms qui tourmentaient le plus ſa mémoire, parce qu’il ne l’articulait qu’à grand’-