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Vie de Charles Baudelaire.

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long, ſonore, perſiſtant, qui me glaça. Était-il fou, en effet ? Je n’avais pas paſſé un quart d’heure avec lui que j’étais complétement raſſuré… hélas ! ſur ce point. J’acquis la conviction que Baudelaire n’avait jamais été, triſte avantage pour lui ſans doute, ni plus lucide, ni plus ſubtil. En le voyant prêter l’oreille, tout en faiſant ſa toilette, aux converſations qui ſe tenaient à voix baſſe à deux pas de lui & n’en pas perdre un mot, ce que je pus comprendre aux ſignes d’improbation ou d’impatience qu’il manifeſtait, échanger des fou-rires avec moi, lever les épaules, hocher de la tête, donner, en un mot, des marques de l’attention la plus ſoutenue & de l’intelligence la plus nette, je ne doutai pas que la partie que le mal avait reſpectée en lui ne fût parfaitement ſaine & active & que ſon eſprit ne fût auſſi libre & auſſi agile que je l’avais vu l’année précédente. Le fait fut d’ailleurs conſtaté par les médecins qui le viſitèrent, les jours ſuivants, MM. Piogey, Laſſégue & Blanche. À Bruxelles déjà, malgré des affirmations contraires, produites par des perſonnes qui ne connaiſſaient Baudelaire que légèrement & depuis peu de temps, cette intégrité de l’intelligence avait été reconnue par l’homme qui l’a le