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pourquoi on aime la france

constitution anglaise. Les hommes publics de tous les partis, en notre pays, ont créé une tradition dans la manière d’envisager ces principes. Lorsque M. Laurier vient ici même évoquer le souvenir des Sheridan, des Fox, des Wilberforce, des Bright et des Gladstone, il rend à la nation anglaise le même hommage que le chef des conservateurs canadiens-francais, M. Casgrain, mais il ne parle pas autrement que ne l’a fait pendant longtemps, et que ne le fait encore, à l’occasion, M. Bourassa. Les murs de cette salle vibrent encore des discours passionnés où le grand orateur nationaliste nous adjurait, nous autres jeunes Canadiens-Français, de répondre aux provocations et aux persécutions par un attachement toujours plus fort au drapeau britannique. J’ai commencé ma carrière politique au Canada vers 1900. Je me trouvais sur la route de M. Bourassa ; je le suivis. Je voyais comme lui avec horreur le crime sud-africain. C’est lui qui m’enseigna à distinguer, dans le cas de l’Angleterre, entre les aventuriers qui là comme ailleurs se hissent au pouvoir par l’exploitation des aveugles passions populaires, et les hommes courageux qui de génération en génération se sont transmis le mot d’ordre de la résistance à toutes les tyrannies : celle de la plèbe comme celle des rois. Opposant à la démagogie d’un Chamberlain l’indomptable courage moral d’un Campbell-Bannerman et d’un Lloyd-George : « Voilà, disait-il, la véritable Angleterre. C’est de celle-là que nous tenons nos libertés, c’est vers elle que nous devrons toujours nous tourner pour réclamer justice. » Le directeur du Devoir n’a pas changé d’opinion sur ce point. Il croit encore qu’il ne faut pas confondre les institutions britanniques avec les demi-civilisés qui en pourraient avoir le dépôt sur un point quelconque du territoire britannique. Je le crois avec lui. Il sait que si nous conservons l’espoir de recouvrer nos droits scolaires en Ontario, c’est par le mécanisme des institutions britanniques. Et moi aussi, je le sais. Et parce que je crois cela, et parce que je sais cela, je trouve qu’à moins de leur préférer les institutions allemandes, et ce n’est pas plus mon cas que