NOTRE DEVOIR LE PLUS URGENT…[1]
OTRE devoir le plus urgent envers nos compatriotes
d’Ontario, c’est de leur envoyer
l’argent dont ils ont besoin pour obtenir justice
des tribunaux britanniques — s’ils le peuvent.
Même dans l’incertitude de vaincre, une minorité
qui se respecte et qui veut vivre ne doit jamais
abdiquer un droit sans combattre. On a dit que la
suppression du français comme langue officielle
dans l’Ouest était inévitable ; mais il y avait assez
des Anglais à réclamer cette mesure, et les plaidoyers
faits par des Canadiens français pour la
justifier forment une page d’abjection que notre
race relira avec dégoût le jour où elle aura, enfin,
pris quelque conscience de sa dignité. De même
nous avons en Ontario le devoir de disputer le terrain
pouce par pouce, avec toutes les armes à notre
disposition. Les grands olympiens qui se lavent
les mains de ces luttes pénibles, livrées prosaïquement
à coups de dollars, restent majestueusement
à l’écart de tout mouvement de protestation,
feignent de croire qu’ils peuvent adoucir MM.
Pyne et Hocken — et à la fois, va sans dire, continuer
d’emplir leurs « chars » compatriotes — en
- ↑ L’« Étudiant », journal des étudiants de Laval, fut supprimé pour avoir publié cet article, qui fut ensuite reproduit dans l’« Action » sous le titre de « L’Étudiant supprimé ».