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LE SOU DE LA PENSÉE FRANÇAISE

réal. Un journal qui avait publié avec un empressement apparent tous les communiqués du Comité, crut devoir se racheter le dernier jour auprès de ses annonceurs anglais, en nous jetant dans les jambes un article à double entente sur l’opportunité du mouvement. Au moins nous avons pu, dans la plupart des cas, mettre les intrigues à jour et voir sous les masques.

Il ne faudrait pas oublier dans ce petit inventaire du crétinisme, de la perfidie et de la sottise nationale, l’état d’esprit de notre noblesse d’argent.

On compte maintenant une cinquantaine de millionnaires canadiens-français, paraît-il. Au point de vue national, mettons, pour être généreux, qu’il y en a bien trois qui ne sont pas des abrutis — et encore, ne nous demandez pas de les nommer ! Si les Juifs étaient persécutés au Canada, tous les millions des Workman, des Davis, des Vineberg, des Cohen et des Jarvis y passeraient, avant qu’on acceptât l’injustice ; ce n’est pas chez cette race admirable qu’on perd le cœur en acquérant un million ! Les trois ou quatre millionnaires irlandais d’Ottawa ont offert à doter à eux seuls, pour les siècles, l’université de cette ville, si l’on voulait en faire une institution anglaise. Chez nous, quand on a de grippe et de grappe amassé son petit million, l’on n’a plus que deux ambitions : aller habiter dans le voisinage d’Ontario Avenue, et pouvoir donner ses filles à des Anglais.

N’oublions pas non plus le snobisme anglomane qui semble être le principal produit de certaines de nos écoles de femmes. On veut bien quêter dans la rue pour la charité, surtout si c’est en compagnie d’Anglaises ; car la charité mène à tout, dans le monde, et quant aux Anglaises c’est déjà quelque chose que de pouvoir les fréquenter au moins une fois par année, fût-ce dans la rue ! Mais tendre la main pour des enfants de bûche-