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VIEUX GATEUX

enfants qu’une mauvaise organisation sociale et la mauvaise éducation des parents ont privés dès le berceau de ces trois éléments d’existence. Il est non moins évident que certains milieux sont fatals au développement intellectuel. Si l’on entreprenait d’expliquer la médiocrité suffisante et satisfaite qui caractérise la plupart des diplômés de l’Université de Montréal et qui les rend si ineffablement grotesques quand ils veulent se donner des airs, on en ferait sans doute une part à la médiocrité de professeurs mal rétribués, et une part à une direction somnolente et inintelligente, mais on en ferait aussi remonter la cause au manque d’air, de lumière et d’horizon physiques dont souffre l’Université. Il y a à la direction même des hommes qui le comprennent : le vice-recteur, M. le chanoine Dauth, disait dernièrement, à une séance convoquée par l’Association Saint-Jean-Baptiste pour la discussion de ce grave problème, que le bon aménagement d’une université moderne exige au moins vingt-cinq arpents de terrain.

Il est donc évident qu’en poussant la Ville à acheter l’immeuble de la rue Saint-Denis au prix de $400,000 l’on voulait surtout obliger l’Université. Certes, le père du mouvement, M. l’échevin Morin, entendait bien que la Ville tirât le meilleur parti possible de cette dépense et la possibilité d’établir immédiatement, à l’endroit le plus fréquenté de Montréal, une grande bibliothèque circulante, n’était pas à ses yeux un mince avantage pour les citoyens ; — mais son but n’était pas moins d’aider Laval à sortir de l’insignifiance où, parmi d’autres causes, des ressources pécuniaires insuffisantes et un emplacement défavorable la retiennent pour la plus grande honte de la race canadienne-française. Ensuite on aurait été plus fort pour demander à la Ville un autre terrain et une subvention. Ensuite encore, on serait allé rappeler à M. Gouin cette promesse éloquente qu’il faisait à l’Association Saint-Jean-Baptiste il n’y a pas