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PENSÉE FRANÇAISE

Les partisans d’une vie intellectuelle plus large, on les trouve aujourd’hui chez nous dans tous les mondes. Pour m’en tenir à la politique, quel réconfort notre idéal de culture n’a-t-il pas reçu de certaines accessions récentes aux fonctions ministérielles ? Un ministre, en notre province, ne se croit plus obligé de borner ses discours à une analyse partiale et enfantine du dernier budget. Et fait non moins significatif, ce peuple qui a des enseignes si tristement drôles, à qui ses journaux, plus que toute autre influence peut-être, ont fait une langue si tristement amorphe, ce même peuple qu’on croyait fermé à toute préoccupation intellectuelle, écoute, approuve, applaudit.

Nous en avons l’invincible certitude, demain sera meilleur qu’hier. Demain, la haute culture française montera victorieusement à l’assaut des vieilles forteresses laborieusement replâtrées de l’indigénisme. De cette charge glorieuse, nous voudrons tous en être, Mesdames et Messieurs. M. Montpetit en sera, qui aura été à bien des égards un précurseur. Et Fauteux, qui représente si dignement, dans cette œuvre de la Bibliothèque S.-Sulpice, la communauté à qui notre enseignement supérieur doit son premier professeur de Lettres. Et S. G. Mgr  Gauthier, et M. Athanase David, et combien d’autres que je ne puis nommer — tous ceux qui savent que le siège de la culture française est en France, non au Canada. Oui, certes ! Et même il est à prévoir qu’au dernier moment le gros des forces indigénistes, composé d’hommes sincères et dont le patriotisme ne demande qu’à s’éclairer, viendra prendre position à nos côtés. Ceux qui seront tentés de résister, Hérodote, en son livre de Melpomène, nous apprend comment il faudra en user avec eux. Les Scythes, obligés, après un séjour de plusieurs années en Médie, de rentrer dans leur patrie, trouvèrent leurs foyers occupés par leurs anciens esclaves. Au moment