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DE NOS BESOINS INTELLECTUELS

par tous les côtés.[1] Et n’en doutez pas, Mesdames et Messieurs, ceux d’entre nous qui soupirent le plus ardemment après ce jour, ce sont précisément ceux qui s’étant, au prix d’efforts surhumains, élevés à la supériorité de l’esprit par la seule culture indigène, ont à chaque instant de leur existence l’occasion de constater quelle supériorité plus haute encore un séjour de quelques années dans les écoles européennes leur aurait conférée.

Deux mots encore — deux mots d’espoir — et j’ai fini…

Si profondément qu’il soit attaché à son pays, — que dis-je, à raison même et en raison de cet attachement, — celui qui a eu le bonheur de pouvoir passer quelque temps au foyer central de la culture française n’envisagera plus d’un œil impassible certains aspects de notre civilisation. Croyez-m’en, Mesdames et Messieurs, il sera encore moins choqué d’observer un anglicisme par ci par là dans une phrase française, que de lire — comme nous en avons si souvent l’occasion depuis qu’on a mis les Rectifications du vocabulaire à la mode sans se préoccuper de revivifier l’esprit de la langue — des pages entières de baragouin écrites uniquement avec d’excellents mots français. Et quant à moi, je pardonnerais à toutes nos ligues d’action française présentes, passées et futures, de faire relâche de temps à autre dans la chasse à l’anglicisme, si elles voulaient bien, de temps à autre également,

  1. Le malade ne sera pas guéri, mais il en sera au point où l’on peut dire de lui : Il est sauvé. Le rétablissement complet ne sera plus que l’affaire de trente à cinquante années. — O. A.