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PENSÉE FRANÇAISE

moment, ne vaut guère mieux que l’équivoque. M. Laurier disparu, il incombe aux chefs de la race de faire renaître en matière de relations ethniques, avec les modifications nécessaires, la politique de Lafontaine et, si l’on veut, de Cartier. Premièrement, une alliance ne vaut que si elle ne comporte pas un esclavage ; donc, l’alliance pour le seul amour des alliances ne rime à rien, et peut être au contraire très dangereuse. Deuxièmement, pour une race comme la nôtre, qui peut trouver dans le gouvernement provincial, à la seule condition de les y chercher, toutes les garanties d’une vie nationale autonome, l’isolement vaut mieux qu’une mauvaise alliance, et d’ailleurs l’isolement temporaire, qui peut toujours prendre fin par les multiples jeux de la politique, et l’isolement définitif, sont deux choses. En troisième lieu l’isolement, que les profiteurs de la politique s’appliquent à nous représenter comme un suicide, mais aussi comme un acte d’hostilité envers nos concitoyens anglais, n’a rien d’une politique agressive, s’il est clair que nous y cherchons uniquement la sauvegarde de notre dignité, que nous entendons d’ailleurs en profiter pour faire sur nous-mêmes, en vue d’une loyale réconciliation toujours désirable, un de ces retours nécessaires aux nationalités comme aux individus après les périodes de luttes ardentes, et que nous ne demandons qu’à y mettre fin dès que la vie commune sera redevenue possible. Voilà les principes qui devront nous inspirer désormais dans nos relations avec le Canada anglais. Il y a chez nous des gens qui s’épouvantent à la pensée de ce que demain nous apportera. Je crois au contraire qu’il n’est jamais mauvais de prendre contact avec la réalité.

Quant au talent oratoire, à la bonté et au charme personnels, et, dans les limites que nous avons fait voir, au sens politique de M. Laurier, la pres-