Finissons-en une fois pour toutes avec cette imposture historique d’une Angleterre libérale et maternelle qui nous aurait traités en enfants gâtés de son empire. Le jour où, par notre folle complicité, nous aurions laissé s’accréditer parmi nous cette stupide légende, nous devrions à la loyauté d’aller jeter à bas de leur piédestal les statues de nos plus grands hommes, et ce serait l’effondrement de toute notre histoire.
Qui a dit tout cela, crié tout cela à ses compatriotes hésitants, désemparés ? — L’abbé Groulx.
Le premier, brisant avec les conventions, il n’aura pas craint d’imprimer aux pitoyables bonshommes de 1867 le stigmate de l’imbécillité :
Ce que les auteurs de la constitution n’ont pas vu, dit-il, c’est qu’en fortifiant outre mesure la position de la minorité protestante ils ébranlaient du même coup la position de leurs coreligionnaires et celle de leur province qu’ils voulaient faire si forte. Car il ne faut point se lasser de le dire : c’est là, et pas ailleurs, que se trouvent le vice fondamental de notre constitution et la grande faute des hommes d’État bas-canadiens. En laissant créer une situation de privilège en faveur du plus fort, ils ont admis en principe qu’il y aurait dans ce pays deux poids et deux mesures.
C’est encore lui qui aura jeté ce mot d’ordre à nos chefs politiques :