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courants de la pensée française nous apportent cette substance d’art et de morale, ces vertus de la race et de l’esprit qui font l’essence de notre culture. » N’est-ce pas lui qui au dernier chapitre de la Naissance d’une race a signalé ainsi les conséquences inévitables de l’isolement de l’esprit : « Le sentiment patriotique n’est nullement étranger à nos pères, mais leur esprit familial très fort et très envahisseur s’achève volontiers en un esprit de clocher exclusiviste. Le sens et l’expérience de la vie publique leur font défaut entièrement » ? Et pourtant, pendant qu’il nous montre dans l’Appel de la race le vieux Davis Fletcher exaspéré par « les deux passions formidables de l’Anglo-Saxon : l’intérêt matériel et l’orgueil de race, » un autre écrivain canadien-français pourra, sans risquer les œufs gâtés, laisser gicler de quelque vieille blessure d’amour-propre, à la face de la France mère vénérable des missionnaires et des martyrs, cette salissure : « Les deux traits caractéristiques du Français sont l’esprit de lucre et l’orgueil de race. »[1] Et, ajoutant la lourdeur ordinaire du disciple à la francophobie du maître, un quelconque Pascalon, huit ans à peine après la Marne et six après Verdun, peinera et suera

  1. Cet écrivain, M. Bourassa, disait au Congrès du parler français, à Québec, en 1912 : « Au lieu de chercher à fermer la porte aux œuvres littéraires françaises afin d’empêcher les œuvres mauvaises de passer, ouvrons-la plutôt toute grande à ce qu’il y a d’admirable, de généreux, d’idéaliste, de fort, de grand, dans cette production éternelle du génie français dont il semble que Dieu ait